Moments de vie de celui qui a tant influencé la culture chinoise…

sculpture bois de Confucius

 

Confucius (-555, -479) est le fameux sage philosophe auquel sont attribués à tort tant de proverbes chinois. Né à Qufu dans l’actuelle province de Shandong, il est appelé Kǒngzi () ou Kǒng Fūzǐ () par les Chinois, ce qui signifie « Maître Kong » et qui fut latinisé par les Jésuites en « Confucius »

SA VIE

Selon la tradition, son père fut un descendant de la dynastie Shang et gouverna  la province de Lu (dans le sud-est de l’actuelle Shandong). Il épousa en secondes noces, alors qu’il avait 70 ans, une jeune fille de 20 ans. Il mourut alors que Confucius n’avait que trois ans et laissa sa famille dans la pauvreté.

Dès l’âge de 17 ans, grâce au goût précoce pour les livres et les rites, Confucius serait devenu précepteur. Il se maria à 24 ans et eut trois enfants (un fils, Kong Li, et deux filles). Pour vivre, il effectuait probablement des tâches administratives pour le chef de province. La légende affirme qu’il aurait rencontré Lao Zi en allant consulter des annales, et qu’il aurait été si fortement impressionné qu’il n’aurait plus parlé pendant trois jours ou un mois.

Après la mort de sa mère (en -527), il se mit à enseigner sa connaissance des textes anciens au petit groupe de disciples qui le suivait. Après quelques emplois subalternes à la cour de son prince, il se fait écarter du poste et il part en -496 pour 14 ans d’errance, à la recherche d’un souverain capable de l’écouter. Puis, il rentre définitivement à Lu pour se consacrer à l’enseignement et la compilation de textes anciens, jusqu’à sa mort en -479.

SA PENSÉE

Après plus de deux millénaires de scolastique, il est difficile de se faire une idée juste de l’enseignement originel de Confucius. Il est pourtant possible de comprendre les enjeux et la teneur de sa pensée en lisant les Entretiens, livre dans lequel on voit le Maître vivre et discuter des problèmes de son temps avec ses disciples.

Bien qu’il n’ait jamais développé sa pensée de façon théorique, on peut dessiner à grands traits ce qu’étaient ses principales préoccupations et les solutions qu’il préconisait. Partant du constat qu’il n’est pas possible de « vivre avec les oiseaux et les bêtes sauvages, et qu’il faut donc vivre en bonne société avec ses semblables », Confucius tisse un réseau de valeurs dont le but est l’harmonie des relations humaines. En son temps, la Chine était divisée en royaumes indépendants et belliqueux. Les luttes pour l’hégémonie rendaient la situation instable et l’ancienne dynastie des Zhou avait perdu le rôle unificateur et pacificateur que lui conférait le mandat du Ciel. Confucius voulait donc restaurer ce mandat qui conférait le pouvoir et l’efficacité à l’Empereur vertueux. Cependant, bien qu’il affirme ne rien inventer et se contenter de transmettre la sagesse ancienne, Confucius a interprété les anciennes institutions selon ses aspirations et il a semé les graines de ce que certains auteurs appellent l’humanisme chinois.

Mettant l’Homme au centre de ses préoccupations et refusant de parler des esprits et de la mort, Confucius n’a pas fondé de religion au sens occidental du terme, même si un culte lui a été dédié par la suite. Cherchant à fonder une morale positive, structurée par les « rites » et vivifiée par la « sincérité », mettant l’accent sur l’étude et la rectitude, Confucius représente pour les Chinois d’avant la Révolution, l’éducateur par excellence, mais la lecture attentive des Entretiens montre qu’il n’a pas voulu s’ériger en maître à penser, et qu’au contraire il voulait développer chez ses disciples l’esprit critique et la réflexion personnelle : « Je lève un coin du voile, et si l’étudiant ne peut découvrir les trois autres, tant pis pour lui. »

Un apport très important et révolutionnaire en quelque sorte de Confucius est à chercher dans la notion de « Junzi » (« gentilhomme ») qui, avant lui, dénotait une noblesse de sang et dont il a modifié le sens pour le transformer en noblesse de cœur, un peu comme le mot anglais, gentleman. Son enseignement, bien que principalement orienté vers la formation de futurs hommes de pouvoir, était ouvert à tous, et non pas seulement aux fils de princes. On peut faire remonter à cette impulsion de départ la longue tradition des examens impériaux, chargés de pourvoir l’État en hommes intègres et cultivés, que le plus humble paysan pouvait (en théorie) tenter. Bien que cette institution « méritocratique » ait subi différents avatars et distorsions, elle a certainement joué un rôle prépondérant dans la pérennité de la culture chinoise et dans la relative stabilité de l’Empire Céleste pendant deux millénaires.

Selon Confucius, la soumission au père et au prince va de soi et garantit la cohésion des familles et du pays, mais elle s’accompagne d’un devoir de (respectueuses) remontrances si le père ou le prince vont dans la mauvaise direction. De très nombreux lettrés chinois, se réclamant à juste titre de l’enseignement de leur Maître, ont péri ou été bannis pour avoir osé critiquer l’Empereur quand celui-ci, sous l’emprise d’une clique du harem ou de prêtres taoïstes, ne prenait plus soin de son peuple et laissait le pays sombrer dans la famine ou la guerre civile.

SA POSTÉRITÉ

La postérité de Confucius en Chine et en Extrême-Orient ne saurait être sous-évaluée. Ses commentateurs et ses continuateurs proches comme Mencius et Xun Zi ont formé un corps de doctrine, appelé Confucianisme, qui a été choisi comme philosophie d’État en Chine pendant la dynastie Han. Jusqu’à la fin de l’Empire en 1911, le système des examens basés sur le corpus confucéen est resté en vigueur. Certains analystes chinois ou occidentaux pensent que l’influence du Confucianisme est toujours prépondérante à l’époque actuelle, et certains pays comme la Corée du Sud ou Singapour continuent de se réclamer de cette doctrine politique.

Cette continuité apparente du Confucianisme en Chine ne doit cependant pas cacher les constants renouvellements, suivis de retours aux sources ou d’éclipses temporaires, qui ont animé l’histoire de la pensée chinoise. Ainsi, le renouveau du Confucianisme instauré par Zhu Xi pendant la dynastie Song, après une relative mise en retrait durant la dynastie des Tang, a intégré les apports anciens de la pensée taoïste et les apports plus récents du Bouddhisme en une orthodoxie qui est restée relativement incontestée depuis lors, et il a fallu attendre la fondation de la République de Chine pour que soit aboli l’enseignement des Quatre livres et des Cinq Classiques confucéens.

 

                                     Les Quatre Livres (Si shu) sont :

 

                       – La Grande Etude, ( Dà Xué)

                       – L’Invariable Milieu ( Zhōng Yòng)

                       – Les Entretiens de Confucius (  Lùn Yǔ)

                       – Le Mencius ( Mèng Zǐ)

 

                                    Les Cinq Classiques ( ) sont :

                            

                       – Le Canon des Poèmes ( Shī Jīng)

                       – Le Canon de l’Histoire (Shū Jīng)

                       – Le Livre des Mutations ou Yi King  ( Jīng)

                       – Le Livre des Rites ( Lǐ Jì)

                       – Les Annales des Printemps et des Automnes

                       (春秋 Chūn Qiū, alias  Lín Jīng)

 

   Un sixième classique a été perdu : le Canon de la Musique (Yuè Jīng)

Retour à la page Histoire cliquez ici